Publié le 10 janvier 2022
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem. » Voici les douces paroles que nous recevons de la part de notre Dieu par le prophète Isaïe ; Ces paroles expriment la tendresse de Dieu et son amour. Nous avons tellement besoin de ces signes de la tendresse de Dieu. Ces paroles sont pourtant prononcées dans un contexte difficile pour nous, comme c’était le cas pour le peuple d’Israël en exil à Babylone ; Les gens sont déportés lorsqu’ils reçoivent les encouragements de Dieu. Les prophètes attribuent les raisons de cet exil, de cette humiliation aux péchés du peuple qui n’a pas été fidèle à l’alliance avec Dieu. Cette alliance nous la retrouvons aujourd’hui exprimée dans les autres lectures. Elle est signifiée par ce beau signe du baptême. Malgré nos difficultés, nos souffrances, malgré nos infidélités, le Seigneur reste fidèle. Il est là à nos côtés. Il ne nous abandonne pas. Il est important que nous recevions cette consolation comme un cadeau et un encouragement. Vous voyez à quel point ces lectures sont actuelles. Notre Eglise est ballotée par les flots, humiliée. Nous ne savons plus où donner de la tête, à qui faire confiance et nous sommes tentés de baisser les bras et de nous dire : tout est fichu. Le peuple d’Israël avait beaucoup plus de raisons de se dire cela à l’époque de la déportation. Les apôtres aussi le jour du vendredi saint, et tous les fidèles de nombreuses fois dans l’histoire de l’Eglise. Pourtant c’est bien dans les pires moments que le Seigneur demande au prophète de rassurer, de relever, d’exprimer la tendresse de Dieu. Frères et sœurs, il y a quelque chose de profondément évangélique dans cet appauvrissement que nous vivons. Nos certitudes se sont envolées, ou se sont déplacées. Nos rêves de puissance et de gloire, qui étaient aussi des tentations du peuple d’Israël comme des apôtres, ont été anéantis par la réalité de nos misères qui sont exposées au monde entier. A ceux qui sont tentés de se décourager, à ceux qui regardent en arrière et qui regrette l’Eglise d’avant, je voudrais dire que cette Eglise d’aujourd’hui est plus belle, parce que plus vraie. Le péché, il a toujours existé. Avant, à l’époque des succès et des grands rassemblements, des leaders charismatiques et des affirmations un peu trop hautaines d’une supériorité factice, l’extérieur était peut-être brillant, mais à l’intérieur il y avait aussi, avec de l’authentique générosité, de l’hypocrisie et du mensonge, de l’orgueil surtout. Aujourd’hui, l’abcès est percé, et ce qui en sort n’est pas toujours beau, mais nous sommes dans la vérité, et donc la guérison est possible, il faut que l’abcès soit percé pour qu’on puisse nettoyer, pour qu’on puisse apaiser, et consoler. Cet appauvrissement est bénéfique, il nous oblige à ne plus compter sur nous-mêmes et nos propres forces, il nous oblige à nous tourner vers les plus pauvres, il nous oblige à avoir besoin de l’autre, des autres, il nous oblige à ouvrir nos yeux et nos oreilles, il nous oblige à cheminer avec le Christ, en compagnie des autres, qui sont bien différents de nous, à nous laisser guider par l’Esprit Saint qui n’a jamais abandonné l’Eglise, même et surtout dans ses pires moments. Ce cheminement, c’est justement la démarche à laquelle nous invite le pape François pendant plusieurs mois, au niveau de l’Eglise universelle. La synodalité, dont nous parlons beaucoup, littéralement, signifie cela : cheminer ensemble. Et pour que nous puissions effectuer ce cheminement, le Seigneur va réaliser ce qu’il a promis au peuple par la voix d’Isaïe : « Préparez le chemin du SEIGNEUR ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine et les sommets en large vallée ! » Oui tout ce qui nous apparaît insurmontable deviendra une opportunité pour avancer. Emerveillés par l’action de l’Esprit Saint en nos cœurs, nous seront encouragés à avancer. La synodalité, c’est cela : avancer sur la route que le Seigneur nous a préparée, comme il l’avait préparée aux apôtres et au disciples. Pendant toute sa vie terrestre Jésus n’a pas cessé de cheminer, de marcher, allant de village en village. A la rencontre des gens, écoutant les apôtres comme à Césarée, s’émerveillant de leur foi, les éduquant et les corrigeant à d’autres moments, comme il l’a fait de façon brutale avec Pierre. Pour le synode à venir, il ne s’agit pas d’abord d’écrire de longs textes, de réfléchir, de critiquer ou d’imposer ses vues, il s’agit de marcher avec le Seigneur, et d’accepter la présence des autres, pour que nous formions véritablement un peuple. Ce n’est pas une guerre d’idées mais un appel à l’écoute de l’Esprit Saint et à la fraternité. Nous ne sommes pas frères parce que nous nous aimons. Cela se verrait et cela se saurait. Nous donnons malheureusement souvent le témoignage inverse. Nous sommes frères et sœurs, parce que nous sommes les enfants du même Père. Cette belle paternité de Dieu est magnifiquement exprimée dans l’Evangile du Baptême. La famille entière est mobilisée, la famille de la Trinité, en présence du peuple rassemblé. Alors qu’un signe de paix est donné, notre Dieu s’adresse à chacun de nous pour nous dire personnellement : Toi, tu es mon fils, ma fille bien aimée…oui toi, Paul, oui toi Margaux, Sophie, Marie et Arthur, et même moi, Emmanuel. Nous sommes avant tout des frères et des sœurs, des enfants du Père céleste qui nous aime et qui compte sur chacun de nous, qui ne veut en oublier personne. La démarche à laquelle nous sommes invités, à l’occasion de ce synode sur la synodalité, elle doit se vivre en trois étapes :
Nous vivons un temps de grâce et de renouveau, j’en suis sûr. En terminant, je voudrais reprendre la première phrase de la deuxième lecture : Oui, bien aimés, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. » Alors courage. Tu es mon enfant bien aimé, nous dit notre Dieu, en toi je trouve ma joie. Amen
Mgr Emmanuel Gobilliard
Evêque auxiliaire du diocèse de Lyon