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Les évêques
Ils l’ont réduit à n’être qu’un guérisseur, alors qu’il est le Sauveur

Publié le 04 février 2019

Ils l’ont réduit à n’être qu’un guérisseur, alors qu’il est le Sauveur

Mettons-nous à la place des habitants de Nazareth. Un enfant du village se fait connaître à travers toute la région, par son enseignement extraordinaire, par les miracles qu’il accomplit, au point que, comme le dit un verset précédent, « tout le monde faisait son éloge ». Les gens sont fiers. La renommée de Jésus rejaillit sur tout le village. « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche ». Mais Jésus vient tout gâcher. Tout avait pourtant bien commencé, mais Jésus leur dit qu’ici, il ne fera pas de miracle. Il a fait des miracles dans toute la région, et ici il n’en fera pas ! Il y a pourtant de nombreux malades, comme ce Syrien, Naaman, que le Seigneur a guéri miraculeusement par l’action du prophète Elisée ; il y a peut-être des personnes qui souffrent de la faim, comme cette veuve de Sarepta vers laquelle Elie a été envoyé pour la sauver et lui prodiguer une nourriture abondante. Pourquoi Jésus est-il impuissant ? Parce qu’ils sont incapables de se convertir. Ils restent tournés vers eux-mêmes et vers leurs besoins. Ce que le Seigneur attend, ce pour quoi il est venu parmi nous, c’est que s’accomplisse quelque chose dans le cœur de ses auditeurs, une transformation radicale qui est du domaine du salut. Au début de notre Evangile, Jésus dit, après avoir proclamé la lecture du prophète Isaïe : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture ». Dès le premier verset de l’Evangile selon saint Luc, il était déjà question « d’accomplissement ». Ce mot, nous le retrouvons dans l’Evangile selon saint Jean, au moment de la passion, lorsque Jésus dit « tout est accompli ! » Le mystère pascal est le grand accomplissement du mystère de notre salut, du mystère de notre re-création.

Ce que Jésus veut, par-dessus tout, c’est que s’accomplisse en nous le mystère pascal par lequel il nous sauve et nous donne la vie, ce mystère de résurrection, dont toutes les guérisons de l’Evangile sont le signe. Jésus rend la vue à l’aveugle né, il libère le démoniaque, il guérit le lépreux, relève le paralytique, pour que s’accomplisse en chacun d’eux le mystère du salut, pour que soit répandue dans leur cœur la miséricorde du Père. Bien plus, grâce aux miracles que Jésus réalise dans l’Evangile, le mystère du salut est offert à tous les auditeurs, à tous les spectateurs, et même à ce cher Théophile, au lecteur de l’Evangile, c’est-à-dire à chacun de ceux qui se laissent toucher par la Parole, à chacun d’entre nous. Il se passe quelque chose pour quelques-uns, pour des malades, des pauvres et des captifs, pour que le mystère pascal s’accomplisse en chacun de nous, comme il s’est accomplit en chacun des disciples, des apôtres et de tous ceux qui, comme la Vierge Marie, ont accueilli la Parole. Dans nos vies aussi, beaucoup de choses se passent, des événements joyeux ou douloureux, des rencontres. Dieu se manifeste de multiples manières, par sa providence, et nous devons voir, en chacun des événements qui émaillent nos vies, des plus simples aux plus étonnants, sa main tendue, qu’il nous suffit de saisir pour que s’accomplisse en nous le mystère du salut, par la charité ! Par cette charité dont saint Paul fait l’éloge dans la deuxième lecture, cette charité qui est éternelle, qui ne passera jamais. Tout le reste est secondaire : les prophéties, la science des mystères, la connaissance, et même les miracles. Pour vivre la charité, il n’est pas nécessaire d’être « initié », de vivre des choses extraordinaires, d’aller au bout du monde. Elle vient à nous, à travers tout ce qui se passe dans nos vies, toutes nos activités. Elle peut se vivre en famille, au travail, dans les moments de détente comme dans les temps de doute ou de souffrance. Elle est un mouvement de sortie de soi, un mouvement vers l’autre qui nous transforme et qui finalise toutes nos actions en leur donnant un sens. A chaque seconde de notre vie, Dieu nous offre la possibilité d’accueillir le mystère pascal. Jamais cette occasion ne se reproduira, parce que chaque événement est unique…et pourtant le Seigneur sera toujours là, à nos côtés…toujours ! Pour nous proposer son amour et sa miséricorde, dans chaque événement de nos vies. C’est l’aujourd’hui de Dieu ! « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture ! » La parole de Dieu, elle est pour aujourd’hui. Certes, il s’est passé quelque chose il y a deux mille ans : Jésus a prêché dans la synagogue, il a guéri, consolé. Il a rompu le pain pour les apôtres et les disciples d’Emmaüs. Tous ces événements se sont passés. Ils sont passés, mais aujourd’hui, cette parole peut s’accomplir pour moi, pour chacun d’entre vous. Aujourd’hui, le visage de Jésus me sera offert dans le visage de l’autre qui constitue pour moi le surgissement de l’amour de Dieu dans ma vie. Aujourd’hui ce passage de l’Evangile doit convertir nos cœurs et bouleverser nos vies. Dans quelques instants, le Christ, à nouveau, rompra le pain, pour que, comme Elie l’a préfiguré en nourrissant la veuve, Dieu lui-même soit pour nous nourriture de vie éternelle.

La Vierge Marie, figure de l’Eglise, a fait de chaque événement de sa vie un surgissement de l’amour de Dieu, une occasion d’aimer et de servir, une réponse magnifique et salutaire à l’appel qui lui était adressé. Demandons-lui son aide pour qu’à notre tour, nous sachions prendre la main de Dieu, que nous ne le laissions pas passer comme ces habitants de Nazareth qui ont enfermé Jésus dans ce qu’ils comprenaient de lui. Ils l’ont réduit à n’être qu’un guérisseur, alors qu’il est le Sauveur, notre unique Espérance, la source de tout Amour ! « Ce qui demeure AUJOURD’HUI, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité »

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