Publié le 03 mai 2017
La consultation pour le synode sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » qui se tiendra à Rome en 2018 commence. « Faites entendre votre cri dans les communautés, faites-le monter jusqu’aux pasteurs », dit le pape François aux jeunes du monde entier. Le cardinal Barbarin présente les enjeux de cette démarche participative.
Est-ce lors des dernières JMJ à Cracovie que le pape François a eu l’idée de convoquer un synode sur les jeunes ? Ceux qui ont participé à cette rencontre impressionnante ont encore en mémoire la question adressée par le pasteur aux jeunes brebis venues du monde entier : « Peuton changer les choses ? » En réponse, s’est élevé le cri immense et retentissant d’un oui unanime !
En lançant l’aventure de ce synode 2018 sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations », le Pape demande davantage : « Écoutez ce qui monte du plus profond de vous. » Oui, que les jeunes n’aient pas peur de leur manque d’expérience. L’Église a besoin de les entendre, et à travers eux, elle veut écouter la voix du Seigneur. « Faites entendre votre cri dans les communautés, faites-le monter jusqu’aux pasteurs. Saint Benoît recommandait de consulter les jeunes avant toute décision importante, « parce que souvent Dieu révèle à un plus jeune ce qui est meilleur » (Règle de saint Benoît, III, 3) . »
Conviction largement partagée ! Lorsque des jeunes demandent quelle est la meilleure manière d’être missionnaires dans notre monde, je leur réponds : « Ne cherchez pas la performance. Faites-vous confiance ! Quand vous avez reçu du Seigneur la grâce de la renaissance au baptême, la force de l’Esprit Saint à la confirmation, vous avez ce qu’il faut pour être témoins de Jésus. Rappelez-vous la dernière consigne qu’Il nous laisse : « Vous allez recevoir une force… Vous serez mes témoins. » (Ac 1,8). »
La condition majeure et première pour être missionnaire – jeune ou adulte – c’est que « le Missionnaire », Jésus, ait pu accomplir toute sa mission en chacun de nous. Par sa Parole vivante, Dieu poursuit, par-fait son oeuvre en chacun des membres du Christ, son Fils bien-aimé. Un travail qui n’est jamais achevé ! Il dépose dans nos coeurs une grâce toujours nouvelle qui les conforme au coeur doux et humble de Jésus (cf. Mt 11,28).
Quand on regarde l’histoire des synodes, institution lancée après Vatican II, on est surpris de voir que depuis le premier, en 1971, aucun n’a été consacré à ce thème. Il y en a eu deux ou trois sur la catéchèse ou sur l’évangélisation, sur la famille, un sur la réconciliation, les laïcs, la formation des prêtres, la vie consacrée, l’Eucharistie, la Parole de Dieu… Mais encore aucun n’a porté sur la jeunesse, qui occupe pourtant dans les paroisses et les diocèses une place pastorale de choix. Étonnant !
La méthode du pape François est très participative, comme on sait. Avant les synodes de 2014 et 2015, il avait demandé que tous les diocèses s’expriment sur le mariage, la famille, l’amour humain… A chaque fois, plus de 2 000 réponses sont parvenues à notre service diocésain de la famille, où elles ont été synthétisées, avant d’être transmises à Rome.
Nous commençons le même chemin, l’après-midi du dimanche des Rameaux (qui est, chaque année, la Journée mondiale de la jeunesse) en interrogeant les jeunes : « Dites-nous les objections à la foi que vous entendez, qu’elles émanent de votre intelligence ou de votre coeur, de vos études, de vos familles ou de toutes vos rencontres dans le cadre du sport, des arts, de l’amitié, de vos divers engagements… Rapportez-nous les critiques qui viennent au sujet de l’Eglise, de la prière, des sacrements ; dites-nous tout ce qui vous laisse désarmés, à quoi vous ne savez que répondre.
Demandez « l’équipement » (Ep 4,12) dont vous avez besoin pour tenir votre place de témoins du Christ dans le monde contemporain. Bien sûr, nous attendons aussi vos suggestions, car tout le monde sait que les jeunes ont des cerveaux fertiles et imaginatifs !
Le synode doit porter aussi sur le discernement des vocations. Ce point fait dire à certains qu’il va s’agir d’une opération de recrutement. Faut-il craindre une telle dérive ? Les questions de l’appel et la prière pour les vocations ont été un certain temps mises sous le boisseau. Elles ont retrouvé maintenant leur place dans notre vie fraternelle (le 8 mai 2018 aura lieu de nouveau le pèlerinage de tous les diocèses de la Province à Ars pour demander au Seigneur les serviteurs dont nous avons besoin).
Ce qui est important, c’est que tout le monde sache à quel point l’appel est premier, dans la vie de l’Église. Il est inscrit dans l’étymologie même du mot Ecclesia (du grec kaleo : appeler). Il y a une célébration de « l’appel décisif » avant le baptême des jeunes et des adultes, un temps dans les sacrements de la confirmation et de l’ordination. Cette année, nous aurons même une célébration de l’appel au mariage pour les fiancés de l’année, le 19 mai, à la Primatiale Saint-Jean.
Tout notre diocèse veut se mettre à l’écoute des jeunes. Ils réfléchiront, mûriront les rapports qu’ils doivent rendre à leur grande fête du vendredi 9 juin au soir. Tout cela sera envoyé à Rome pour le 15 juillet, comme il est demandé à tous les diocèses. Prions d’un seul coeur pour que l’Esprit Saint éclaire la belle étape que les jeunes ont à vivre maintenant !
Par le cardinal Philippe Barbarin