Publié le 05 décembre 2014
Du 5 au 7 décembre, une délégation lyonnaise d’une centaine de personnes se rend à Erbil, en Irak, auprès des populations déplacées, dans le cadre du jumelage Lyon-Mossoul. Retrouvez ci-dessous le message du cardinal Philippe Barbarin, à l’initiative de ce voyage.
Vendredi 5 décembre, nous repartons en Irak, à Erbil, pour 48 heures. Il s’agit d’une nouvelle étape dans le jumelage initié en juillet dernier entre notre diocèse et celui de Mossoul, alors que les populations déplacées se comptent désormais par dizaines de milliers, que l’hiver se durcit… et qu’approche le 8 décembre, fête de l’Immaculée-Conception.
C’est un voyage sensible et crucial que je viens confier à la prière de chacun, en particulier à celle des communautés religieuses, des paroisses, des mouvements et des associations de notre diocèse, et de tous ceux qui le souhaitent.
Nous nous envolons avec une centaine de personnes volontaires pour intégrer ou accompagner cette délégation diocésaine. Pour chacune d’elles, c’est un engagement personnel et financier puisque toutes participent aux frais (celles qui peuvent donner plus aidant celles qui donnent moins).
Nous allons prier, non pas seulement pour nos frères d’Irak, comme nous sommes nombreux à le faire depuis ces derniers mois, mais prier avec eux, ensemble, dans une forme de pèlerinage où nous marcherons côte à côte.
Nous nous enrichirons beaucoup, je le sais, en participant à leur liturgie, leur tradition, leur spiritualité et en recevant le témoignage de leur foi. Nous leur proposerons aussi de prier comme nous le faisons à Lyon en ces jours si particuliers : nous remercions la Vierge Marie de nous avoir donné son Fils Jésus, et nous lui demanderons d’étendre sa protection maternelle sur nos frères d’Irak qui en ont tellement besoin. La Mission du 8 à Lyon a d’ailleurs édité des cartes « Merci Marie » en langue kurde, arabe et araméenne.
Nous voulons aider, c’est-à-dire contribuer au relogement de ces milliers de familles, chrétiennes ou non, qui ont tout perdu. Symboliquement, nous visiterons un complexe immobilier aménagé grâce au financement des fondations Saint Irénée et Mérieux et grâce aux subventions de la Ville, du Grand Lyon et du Conseil Régional. De l’argent, les Lyonnais en donnent. Même si cette question n’est pas première, il est essentiel que notre aide continue à leur parvenir pour les soutenir, à notre mesure, devant l’immensité de ce drame, pour leur permettre d’abord de rester chez eux.
Nous partons alerter, c’est-à-dire montrer le destin de ceux qui sont restés fidèles au Christ et qui pourraient être oubliés dans les méandres de l’Histoire. En allant à la rencontre de ces personnes déplacées, parquées dans des camps, affrontant l’hiver, nous savons, en réalité, que ce sont eux qui nous alertent sur l’état de notre société et de notre foi, eux qui ont préféré le choix de la conscience à celui des biens matériels, eux qui ont fait passer la vérité avant leurs intérêts particuliers. Ce sera le sens profond des bougies qu’ils allumeront devant leurs abris, comme les Lyonnais le font sur les fenêtres de leurs immeubles.
Quand trop souvent les images de haine viennent bousculer nos écrans, nous voulons que les artisans de paix se lèvent, sûrs qu’ « il vaut mieux allumer une lampe que maudire l’obscurité », sûrs aussi que nous sommes trop petits devant de tels enjeux. Nous nous en remettons au « Prince de la Paix », comme le dit Isaïe de cet Enfant que nous célébrons à Noël et qui va naître, lui aussi, loin de chez lui.
Mgr Louis-Raphaël Ier Sako, Patriarche des chaldéens, qui nous accueillera à Erbil, nous l’a dit depuis longtemps : « Ce qui nous manque le plus, c’est votre proximité, votre solidarité. Nous voulons avoir la certitude que nous ne sommes pas oubliés ! »
Chers frères et sœurs d’Irak, nous venons, vous témoigner de cette « proximité ». Et puisque le diocèse de Mossoul ne peut venir à Lyon, comme le voudrait n’importe quel autre jumelage, c’est un peu du diocèse de Lyon qui vient jusqu’à vous.
Nous ne vous oublions pas. Soyez sûrs de notre amitié fraternelle dans le Seigneur.
Merci Marie ن !
Philippe card Barbarin
Archevêque de Lyon