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Saint-Bonaventure : un lieu idéal pour développer une pastorale de parvis

Saint-Bonaventure : un lieu idéal pour développer une pastorale de parvis

Rappelée par sa congrégation, l’équipe d’oratoriens chargés de l’animation du sanctuaire de Saint-Bonaventure quittera bientôt Lyon. Nous avons demandé au recteur, le P. Antoine Adam, d’évoquer ces sept années passées au service d’une église pas tout à fait comme les autres.

Une décision difficile à prendre : dans la lettre qu’il a adressée aux familiers de Saint-Bonaventure, le P. François Picart, supérieur général de l’Oratoire, ne cache pas que le rappel des prêtres en charge de l’animation du sanctuaire lyonnais a posé un cas de conscience à sa congrégation. Il y est contraint, explique-t-il, par la situation de l’Oratoire, « société de prêtres d’une grande fragilité, notamment en raison de son vieillissement et de l’éparpillement de ses membres ». Il se dit conscient « de la peine et de la tristesse provoquées chez les personnes qui participent (…) à la vie de Saint-Bonaventure, en particulier chez les salariés et les nombreux bénévoles ».

Les oratoriens sont liés au diocèse de Lyon depuis les années 1960. C’est à la demande du cardinal Philippe Barbarin qu’ils ont accepté, en 2010, d’assurer l’animation du sanctuaire. Sous l’impulsion du P. Luc Forestier (aujourd’hui directeur de l’Institut supérieur de sciences religieuses à la Catho de Paris), puis du P. Antoine Adam, rejoints par le P. Michel Quesnel, recteur émérite de l’université catholique de Lyon, et le P. Rémi Lescot, qui avait la charge d’exorciste, décédé en 2016, avec Armelle Pinon, Françoise Zehnacker, Isabelle Vautherin et Isabelle Gignoux, l’équipe rectorale a développé de nombreuses propositions, au carrefour de la vie culturelle et de la vie spirituelle : café-ciné, rencontre Un livre–un témoin, rendez-vous du patrimoine… Autant d’initiatives qui sont venues compléter les services de liturgie et d’accueil attachés au sanctuaire. Recteur depuis 2015, le P. Antoine Adam revient sur les années qu’il a passées au service de ce lieu exceptionnel.

Le sanctuaire Saint-Bonaventure, c’est d’abord une église. Pouvez-vous nous en parler ?

Saint-Bonaventure est l’ancienne église conventuelle des franciscains, qui s’est élargie de chapelles latérales au fil des siècles. Elle est idéalement située : en plein coeur de Lyon, à deux pas de la rue de la « Ré », à côté du métro, desservie par plusieurs lignes de bus… Dans un environnement d’hyperconsommation, elle offre un espace de gratuité. Elle est comme une invitation à sortir du rythme trépidant de la ville pour se reposer un instant. Son architecture sobre, presque cistercienne, y invite. Quand on entre, on est saisi par un sentiment de paix : on se sent bien, sans toujours faire le lien avec l’architecture primitive du bâtiment. La crasse des années a rendue l’église un peu sombre, mais c’est en même temps un atout : on y entre en toute discrétion, on peut y passer sans se faire remarquer.

Comment définiriez-vous la vocation du sanctuaire ?

Le père Roger Philibert, l’un de mes prédécesseurs, aimait dire : « Saint-Bonaventure, c’est le service public ! » En effet, Saint-Bonaventure n’est pas une paroisse, mais un sanctuaire ouvert sur la ville. Cette situation particulière nous invite à proposer une « pastorale de parvis », à destination de ceux qui sont à la périphérie de l’Eglise. C’est un lieu tout entier consacré à l’accueil, à l’écoute et à la manifestation de la miséricorde de Dieu. Particulièrement à travers le sacrement de réconciliation. C’est une dimension importante et heureuse de notre ministère ici. Il y a aussi une belle équipe d’écoute constituée de laïcs, ainsi qu’un service d’accueil : ce sont eux que ceux qui entrent voient en premier. Les Lyonnais ont vraiment de la chance d’avoir un tel lieu !

En quoi la mission de Saint-Bonaventure rejoint-elle le charisme des oratoriens ?

L’Oratoire est une société de prêtres de vie apostolique. Notre charisme est d’être à l’écoute de la Parole de Dieu et de ce qui se dit dans la société, des cultures profanes, de ce qui peut faire le lien avec la foi chrétienne. Nous avons longtemps été des éducateurs et nous en avons conservé la certitude qu’une relation ne peut s’édifier que dans la confiance. A cet égard, la culture peut constituer une passerelle pour les personnes qui sont à la marge de l’Eglise. C’est pourquoi nous avons cultivé des liens avec le service diocésain Arts, cultures et foi. Cette pastorale se traduit par la programmation de concerts, d’expositions, de moments de théâtre, de débats sur le cinéma et la littérature. Récemment, l’église accueillait la représentation de la pièce intitulée Augustin passe aux aveux, d’après les Confessions de saint Augustin, interprété par le comédien Dominique Touzé.

Quelques temps forts qui ont marqué ces sept années au service du sanctuaire ?

Je pense à la crèche de Noël 2011, dont la réalisation avait été confiée à deux jeunes qui venaient de sortir de l’Ecole nationale supérieure d’arts et techniques du théâtre. Ils n’étaient pas familiers de l’Eglise, mais nous avons fait confiance à leurs compétences. Nous leur avons demandé de se laisser faire par ce qu’ils pouvaient comprendre du mystère de Noël. Le résultat a été extraordinaire : beaucoup de personnes, venues à l’occasion des illuminations du 8 décembre, ont été touchées. Il y a eu aussi la porte sainte de la Miséricorde édifiée pour le jubilé extraordinaire, dont Eglise à Lyon a parlé. Je pourrais citer également le pèlerinage à Assise organisé par le père Luc Forestier. Mais ce qui compte à la fin, ce sont les rencontres ordinaires des Lyonnais en ce lieu de passage, de prière et de réconciliation. De très belles rencontres.

Où serez-vous à la rentrée ?

Je vais renforcer l’équipe des oratoriens à Paris. Je serai à Saint-Eustache, une grande église située elle aussi en plein coeur de la ville, dans le quartier des Halles, là ou j’ai commencé mon ministère il y a vingt ans.