« Il y a un peu plus d’un an, nous avons croisé, à l’école, le chemin d’une famille albanaise exilée. Ressentant une grande détresse derrière les sourires, nous avons tout d’abord essayer de leur apporter une aide très simple (plein de courses, dons de vêtements, aides administratives diverses). Nous n’étions pas du tout sensibilisés au triste sort des populations migrantes et ne faisions partis d’aucune association à ce moment-là. Notre humanité nous a simplement conduit à ne pas détourner le regard et passer notre chemin.
La vie nous réservant bien des surprises, une crise sanitaire inédite est venue ébranler le monde et remettre en question nos modes de vie. Cette crise aura été pour nous le déclencheur d’une amitié véritable au-delà des cultures. De manière spontanée, nous avons laissé du jour au lendemain notre petit appartement à cette famille pendant deux mois et sommes partis à la campagne chez nos parents. De liens forts se sont tissés à notre retour, nous étions désormais plus que déterminés à déplacer des montagnes pour soutenir « notre » famille dans son parcours d’intégration en France.
Les priorités : l’apprentissage du français, le logement et le travail. Et pour nous, le rapprochement avec le tissu associatif local dans lequel nous avons rencontré de formidables personnes et reçu de précieux conseils. Une des étapes clés a été de nous structurer en collectif citoyen afin de mobiliser autour de nous, et récolter des dons que ce soit financiers mais aussi matériels ou culturels afin de les sortir de l’isolement (cours de guitare, participation à des activités sportives pour les enfants…)
Grâce à la force du collectif, nous avons pu héberger la famille par roulement lorsqu’elle s’est retrouvée sans toit le jour de la rentrée scolaire. C’est aussi grâce au collectif (et au volontarisme de la famille !) que nous avons trouvé une solution de logement plus pérenne, avec la location d’un appartement auprès d’un citoyen sensible à notre action qui a accepté un loyer solidaire. La famille ne pouvant pas payer de loyer intégral ni avoir un bail, celui-ci est contracté par une association à laquelle notre collectif reverse le montant du loyer. Etant dans une posture d’accompagnement à l’autonomie et de responsabilisation, il nous a paru important que la famille puisse participer au paiement du loyer ainsi qu’aux charges. C’était aussi une question de fierté pour eux et nécessaire pour une estime de soi. L’objectif est que, grâce à leur travail, ils arrivent à payer au fur et à mesure une part plus importante. La route est encore longue mais la foi reste intacte et nous guidera. »
Marianne Barrero
