Interview de Yves Lafargue, réalisée à l’occasion de la sortie du Psautier de Fourvière.
Professeur d’orgue au Conservatoire de Lyon et organiste titulaire de la basilique de Fourvière, Yves Lafargue publie le premier volume du Psautier de Fourvière, un recueil d’antiennes et de psalmodies pour les dimanches et fêtes qu’il a composées au fil du temps dans le cadre de son service.
Yves Lafargue, les éditions Artège ont publié le 21 novembre dernier le Psautier de Fourvière, qui contient tous les psaumes des dimanches et fêtes selon le texte officiel du nouveau lectionnaire, et dont vous êtes le compositeur.
Originaire de région parisienne, je suis arrivé à Lyon en 1995, pour finir mes études d’orgue. Je suis resté lyonnais, et depuis 2006, je suis organiste titulaire de la basilique de Fourvière. Dans le cadre de mon service, je me suis un jour lancé le défi de composer pour la basilique tous les psaumes des dimanches. C’était en 2009 : j’ai livré fidèlement, dimanche après dimanche, antiennes et psalmodies, et les chantres et chœurs du sanctuaire les ont mis en œuvre. Ce psautier est donc né au cœur de Notre-Dame de Fourvière.
Encouragé notamment par le Père Loys de Saint-Chamas, vice-recteur de la basilique à l’époque, et ayant reçu de bons échos concernant mes compositions de la part de confrères musiciens (maîtres de chapelle, organistes, chanteurs…), j’ai poursuivi ce travail jusqu’à son terme, en 2012, c’est-à-dire jusqu’à la fin du cycle des trois années liturgiques. J’ai présenté le recueil au Père Laurent Jullien de Pommerol, qui était alors responsable du service de musique liturgique du diocèse, et je lui ai soumis l’idée d’une publication. Il m’a tout de suite soutenu et m’a proposé de diffuser mes psaumes d’abord dans le cadre des « Mardis de la liturgie », rencontres diocésaines de promotion de répertoire. Puis une collaboration entre le diocèse de Lyon et les éditions Artège est née. Les psaumes ont alors été diffusés dans deux revues du groupe : Dimanche en paroisse et Parole et Prière. La perspective s’est vite dessinée de réunir tous les psaumes en une seule publication.
Nous savions dès 2013 qu’une nouvelle traduction des textes du lectionnaire verrait le jour, mais évidemment nous ne connaissions pas encore le contenu des changements. Et il paraissait risqué de publier un psautier qui serait obsolète aussitôt publié !
Quand les nouveaux textes ont été disponibles, le chantier s’est révélé plus important que prévu ! Il a fallu réécrire beaucoup de musique. Par ailleurs, le travail de publication prend du temps, il fallait laisser la musique « se poser », mûrir. Un important travail de relecture fut aussi nécessaire.
De nos jours, un enregistrement est un complément indispensable à la partition. Nous avons effectué cet enregistrement dans un but pédagogique. Cela permet de se faire d’emblée une idée du résultat musical et également d’être un support à l’apprentissage de la partition.
Ce psautier a pour vocation de servir tout type d’assemblée, et faciliter sa mise en œuvre revêtait une importance particulière à mes yeux.
Mon plus grand souci a été de respecter le rythme propre du texte, son intelligibilité, pour laisser la primauté à la transmission de la Parole. La musique est comme une dilatation de la parole, elle lui donne une sorte de relief qui aide à l’impression du texte dans notre mémoire.
Bien sûr, écrire sur la Parole de Dieu suppose de la méditer. J’ai donc composé la musique de ces psaumes avec ma sensibilité propre, épaulée par mes compétences de musicien professionnel, mais aussi avec mon expérience très concrète au service de la liturgie. D’ailleurs, au final, si je suis très reconnaissant aux chanteurs de Fourvière de jouer le jeu en travaillant chaque nouveau psaume, la plus belle récompense de mon travail reste d’entendre l’assemblée chanter à son tour.
Propos recueillis par Maud Hertz, Commission Diocésaine de Musique Liturgique