« À vin nouveau, outre neuve » (d’après Mt 9, 17) : c’est par cet exergue que le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle a invité les compositeurs, puis les assemblées, à parer la nouvelle traduction du Notre Père de mélodies inédites. C’est une lourde contrainte que d’apprendre une nouvelle musique pour chanter la prière du Seigneur, mais c’est aussi une chance : redécouvrir, se réapproprier les mots en même temps que l’on apprend de nouvelles notes.
Je crois bien avoir entendu quelque part que Xavier Darasse (compositeur de l’un de nos plus beaux Notre Père) pensait qu’un compositeur ne pouvait écrire qu’un seul Notre Père dans sa vie. Or, j’avais déjà écrit un Notre Père en 1992… mais je me suis convaincu qu’en composer un second était possible, pourvu que le cahier des charges soit différent. Le premier, écrit sur quatre portées pour chœur a cappella (Messe AL 51-38), était peut-être plus un Notre Père « à écouter ». La nouvelle partition serait donc écrite « pour être chantée » ! Quelques-uns des moyens pour y parvenir : épouser au mieux le rythme du texte parlé, choisir de parcourir un intervalle restreint (pas plus de six notes différentes), faire s’enchaîner les phrases par une note commune entre la fin de l’une et le début de la suivante, construire une logique d’enchaînement des phrases (progressions vers le grave, vers l’aigu). La mélodie peut se chanter seule, sans accompagnement, être accompagnée d’orgue, ou soutenue par une polyphonie, à 3 ou 4 voix.
Yves Lafargue
Notre Père AL 70-39, éditions Jubilus – Voix nouvelles (partition disponible sur secli.cef.fr)