Publié le 09 mars 2020
A tous les frères et sœurs du diocèse de Lyon.
Deuxième dimanche du carême : je suis heureux de vous écrire quelques lignes en ce jour de lumière. L’Eglise nous invite à suivre Pierre, Jacques et Jean que Jésus emmène « à l’écart, … sur une haute montagne ». Ils vont voir le visage du Seigneur devenir « brillant comme le soleil » et assister à sa rencontre avec Moïse et Elie. Nous avons besoin de ce cadeau, de cet éblouissement, pour avancer avec courage vers les ténèbres de la Passion et pour suivre notre chemin de disciples.
Vendredi, le Pape François a accepté de me décharger de la responsabilité pastorale du diocèse de Lyon. Les mises en cause dont j’ai été l’objet, compréhensibles pour une part, mais aussi injustes et mensongères parfois, sont devenues un obstacle insurmontable pour que je continue d’assumer cette mission que j’avais reçue en 2002.
Je remercie donc le Pape d’avoir accueilli ma demande. Et, ensemble, nous prions déjà pour celui qui sera nommé archevêque de Lyon, et portera avec vous l’Evangile dans le Rhône et le Roannais. Que le Seigneur le prépare à ce service extraordinaire de devenir le successeur de saint Irénée, « votre évêque » !
Depuis près de trois semaines, je suis accueilli comme un frère, dans un monastère en Terre Sainte. J’ai la joie… et le temps de prier pour vous, pour toute notre fraternité diocésaine. Mgr Dubost -je l’en remercie- a proposé que nous ayons l’occasion de rendre grâce à Dieu pour les 17 années que j’ai passées au milieu de vous, comme serviteur et comme pasteur. Il donne rendez-vous pour la célébration de l’Eucharistie le vendredi 15 mai, à 19h, à la primatiale Saint-Jean. J’aurai ce jour-là, tout à la fois, à vous demander pardon, et mille mercis à vous dire.
Aujourd’hui, ma prière est toute simple : J’ai livré ma vie à Jésus, pour semer sa Parole et offrir sa grâce. J’ai donné ce que je pouvais au diocèse de Lyon pour que l’Évangile soit annoncé, reçu, aimé, vécu !
Je n’ai pas eu d’autre joie que celle de le voir embraser des cœurs, des communautés chrétiennes, et tant d’endroits que j’ai visités.
Aujourd’hui, comme dit saint Paul, il faut prier pour « que la Parole poursuive sa course et soit glorifiée » (2 Th 3, 1) !
Quant à moi, je poursuivrai mon chemin, où le Seigneur voudra, comme il le voudra, selon les indications du Pape, s’il m’en donne, ou en me mettant quelque part au service d’un évêque et de la communauté où il m’enverra.
Chers frères et sœurs, en août 2004, lors du dernier voyage de Jean-Paul II en France, j’ai eu l’occasion de donner le sacrement de l’onction des malades à Sœur Emmanuelle. Quand elle m’a vu approcher, elle m’a demandé : « Qu’est-ce que tu vaux, toi, comme évêque ? Est-ce que tu mets le feu à ton diocèse ? » C’était son style… Mais quelle belle question ! Au fond, voilà bien mon souhait le plus cher. Que mon successeur, et vous tous avec lui, vous mettiez le feu au diocèse de Lyon. Dans l’Évangile, quand Jésus dit qu’il est « venu jeter un feu sur la terre » (Luc 12, 49), c’est juste après avoir expliqué longuement ce que veut dire « ceindre ses reins », pour servir. Voilà ce que je souhaite à tous et chacun : que le Seigneur nous donne des cœurs de serviteurs !
Le chemin pour y parvenir commence par la prière : contempler longuement et écouter celui dont le Père nous dit, sur la montagne, aujourd’hui : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » (Mat 17, 5).
A ceux que j’ai blessés durant ces années d’épiscopat, je demande simplement pardon. Au Seigneur et à chacun de vous, je dis un très grand MERCI.
Je ne vous oublierai jamais. Je vous aime !
Jérusalem, 8 mars 2020, 2ème dimanche du carême.
Philippe card. Barbarin
Archevêque émérite du diocèse de Lyon